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Une philosophie du juste milieu, synthèse des premières lueurs métaphysiques et du déclin de ces jours-ci, y a que ça de vrai, les pieds sur une terre en pente et la tête dans les étoiles

SpéculationS

Souvent, privatisation rime avec privations. De même ou presque, du dynamisme à la dynamite. Voilà pourquoi peut-être février-mars 2008 aura coïncidé avec une implosion des places boursières, véritables bunkers de la tune trop à l'écart de l'économie réelle.

A croire que toutes les bulles spéculatives en ont crevé de jalousie, telle les abcès purulents d'une guerre psychologique. Mais la comparaison s'arrête là.

La comparaison s'arrête là, tant il est vrai qu'un abcès résulte d'une infection, tandis que ce dont souffrent les places boursières n'est pas une infection, mais une défection, la défection des investisseurs qui se défilent, et on les comprend, au moment où ils ne vont quand même pas se mettre à acheter des actions en pleine décote.

En conséquence de quoi les cours de la Bourse s'effondrent, et des banques frôlant la mise en faillite se vendent pour une bouchée de pain. On ne pleure même pas sur leurs dépouilles, on les dépouille au nom de la loi du genre, autrement dit c'est sur les bases toutes simples de la binarité que le yoyo de la Bourse monte et descend, sans aucun doute parce que ce qui est rare vaut plus cher que ce qui abonde. Raison pour laquelle à l'heure d'une mondialisation inquiétante et d'une surpopulation quémandeuse, la grégarité du pognon trop nombreux devient le fléau de tout le monde. Ainsi soit-il, croissez et multipliez, masses monétaires sans valeur sitôt qu'elles prolifèrent. De toute façon peu importe, tout reste relatif. Une pomme ne vaut plus rien quand on a plus faim ; elle vaut soudain de l'or quand on est contraint de la voler. Ainsi soit-il, les gens trop nombreux ont le peu de valeur de leur solitude ordinaire, tandis que la solidarité reste la denrée rare et très payante de quelques initiés. Et même quand un homme providentiel se résigne à multiplier les pains, ne serait-ce qu'un jour, ne serait-ce qu'une fois pour toute, si la population des nécessiteux augmente plus vite que la quantité de ces pains, on se bat pour se les arracher des mains, leur multiplication n'a plus alors valeur de miracle, mais c'est une source de division débouchant sur nos guerres. Suite à quoi dire que tout est relatif, c'est bien, mais continuer de le prouver, c'est mieux. Alors ainsi soit-il croissez et multipliez, logements sociaux de la loi Borloo. Mais là encore, si la demande augmente plus vite que l'offre, si la population des ayant droits pousse plus vite que les villes champignons, la multiplication des parpaings ne suffira pas.

 Superbe mise en scène d'un mirage édifié sur du sable,  la croissance, la spéculation boursière qui fait de la gonflette et qui s'admire dans le miroir de l'ignorance entretenue. La Bourse est un applaudimètre qui oscille au rythme d'un proverbe : le bonheur de quelques uns fait le malheur de beaucoup d'autres.

Faut-il cependant diaboliser la Bourse, et plutôt que d'en raconter les misères qu'elles nous fait, ne vaut-il pas mieux voir en l'idée même de la spéculation un embryon de solution, mais sous certaines conditions ?

La spéculation est une maladie mentale. Question rime, la spéculation est une fixation, notamment elle consiste à fixer les prix au niveau du pouvoir d'achat des mieux offrant, autant dire des plus nantis. Ainsi soit-il, il va sans dire que dans ce cas de figure, tant qu'il y aura des acheteurs susceptibles de payer cash et contents une Roll’s évaluée à... disons beaucoup trop, cette Roll’s aura peu de chance de valoir beaucoup moins.

La Bourse fonctionne ainsi, se disent les nantis. Croissez en ombres, mais ne nous en faites pas. La Bourse fonctionne obscurément, à l'écart des ventes aux enchères ouvertes au grand public. La Bourse n'est guère démocratique. Sa fixation, sa maladie, sa prétention, son idée fixe, c'est de fixer les prix tout en haut d'une échelle des valeurs imaginaires, des valeurs que l'on ne partage donc pas.

Car nous n'avons pas tous le même sens des valeurs, et si celui des acteurs des places boursières était digne de foi, les valeurs en hausse seraient les garantes de la collectivité et de l'avenir des générations "montantes", ( énergies propres par exemple ), tandis que les valeurs sensées descendre, parce que conçues pour nous descendre ( armement et surarmement ) inspireraient le mépris aux investisseurs estimables.

Tout en haut de sa grande échelle dont elle a coupé les premiers barreaux, la Bourse fonctionne malgré tout comme une salle des ventes, vente aux enchères ça va de soi, si haut dessus les guerres qu'elle provoque, que rien ne s'y vend pour une misère, l'idée fixe est un toc. Imaginez-vous lors de cette vente aux enchères, à défaut d'y participer, pour l'acquisition d'un tableau de ce cher Van Gogh crevé dans la pauvreté. Tout le monde veut bien se le payer, en tout cas tous les nantis ici présents surenchérissent, guerre psychologique oblige et question de prestige, pensez donc, avoir obtenu à prix d'or un Van Gogh pour chez soi, ne serait-ce que pour faire bisquer les copains.

Et Van Gogh va ainsi se vendre à un prix aussi faramineux que fictif, comme je vous le disais, on n'a pas tous le même sens des valeurs, il y a aussi les voleurs du bon sens. Mais le bon sens des valeurs, référence faite à celui des connaisseurs absents de cette salle des ventes pour cause d'indigence, rappelle néanmoins que dans le petit peuple aussi, il existe des gens dont la sensibilité artistique vaudrait de voir accroché dans leur humble demeure un superbe tableau du précurseur des "fauves". Hélas, en dépit de cette évidence, vivre pauvrement au XXI° siècle s'apparente encore et toujours à un délit de non initié.                                  

                                                    

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