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Une philosophie du juste milieu, synthèse des premières lueurs métaphysiques et du déclin de ces jours-ci, y a que ça de vrai, les pieds sur une terre en pente et la tête dans les étoiles

Les yeux plus grands que le ventre

 Si la vie en société devait se résumer à un tas de péripéties mortifères, et relatives à la démesure des échanges fiduciaires (argent, pognon, fric, pèze de moins en moins lourd), cette débauche existencielle qu'on ose encore appeler la vie en société pourrait se raconter de cette manière. C'est l'histoire d'un porte-monnaie qui se prend pour un porte-feuille. On connait déjà la fable de la grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le boeuf, mais étant donné que la fiction dépasse rarement la réalité, il ne lui manque souvent que la parole pour qu'un porte-monnaie se mette à faire appel en justice, à "ester", à pester, à enfler et finalement à éclater en raison d'un trop plein de petites pièces même pas jaune, et si peu valeureuses qu'on dirait des fausses. Et cette histoire de porte-monnaie prend fin comme la fable ; une histoire à suivre en psychiâtrie. Le porte-monnaie a beau s'évertuer à se délester de cette pléthore de piècettes en toc, elles lui reviennent encore plus vite qu'il ne les éjecte, ceci d'autant plus méthodiquement qu'un client appliqué à faire l'appoint, les commerçants aiment bien ça. Et cependant rien n'y fait. Les petites pièces laborieuses collent au porte-monnaie comme les gros billets collent aux liasses dilettantes. Au principe de l'argent qui appelle l'argent. Et aussi de l'effet boomerang. Le retour à l'envoyeur dépend du contenu de son auteur, et tant qu'à parler de ce vase non communiquant, l'écho d'un coassement n'est pas un meuglement, ce qui va de soi réciproquement. Mais à part ça tout irait bien. Les ministres de l'Education se succederaient pour proposer des réformes cohérentes, ils ne penseraient pas que l'efficacité de l'enseignement dépende des longueurs scolaires de la semaine de quatre jours au lieu de cinq, et au delà de ce leurre politico-médiatique, le contenu pédagogique les impliquerait davantage que le contenant. Ils seraient pour tout dire indignés. Indignés de voir tant et tant d'écoliers soustraits aux causes premières pour mieux être convertis aux conséquences tyraniques. Ils déploreraient qu'une classe "prépa" prépare à l'inéluctable et à ce que les étudiants devront se tenir pour dit, et pour la vie. Tout irait bien donc éduquer un enfant relèverait du ministère du Temps libre, rescapé de la pensée dominante et du conditionnement un peu con. On jouerait alors à l'école, parce que même si "on" est un con, on y aurait inventé un jeu de société pour les enfants de sept à soixante dix sept ans, appelé l'Antimonopoly, et dont les règles seraient éducatives, édifiantes, essentielles et déniaisantes, que même un âne pourrait comprendre. Les petits et les grands enfants y seraient affairés à revenir aux causes premières de la spéculation nourricières. Cela leur en boucherait un coin, de bouffer de la spéculation aun sein de Mère Nature, selon des règles ludiques consistant, en fin de partie, à ce que chaque joueur n'ait ni trop, ni pas assez d'argent que les autres. On me reprocherait évidemment d'écrire le français comme un boeuf espagnol, mais à qui la faute ? Restte qu'à la pratique de ce jeu dont les règles pourraient être spécifiées et racontées par un éducateur de la plus petites et de la plus tendre enfance, même un âne y apprécierait son intérêt, puisque la spéculation demeurerait le seul plaisir auquel il aurait la faculté de s'adonner. Sauf que revenu à la cause première de la spéculation nourricière, celle-ci serait dévoilée par un éducateur, le même que tout à l'heure, à de jeunes têtes blondes plus proches du babillage innocent que des braiments des places boursières. On le doterait de la parole, cet éducateur, qu'il n'en dirait pas plus qu'il ne faut, ni pas assez. Et sous une forme narrative bien ficelée, la spéculation nourricière, hein les enfants ? on insiste bien sur la cause première de la spéculation : elle est nourricière, hi han ! il était une fois un loup qui cherchait aventure au bord d'une rivière, ou peut-être d'un fleuve, toujours est-il dont il lappait une onde pure. Soudain : " Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ?" demanda-t-il à un agneau qui passait par là. Et comme si un agneau buvait de l'eau, il demande au loup qu'il "ne se mette pas en colère", dixit Jean de La Fontaine, mais finalement le loup l'emporte (l'agneau), et puis le mange, sans autre forme de procés, pas de quoi ester, simplement pour dire que quand le loup a faim, la cote de l'agneau monte, et quand le loup est rassasié, la cote de l'ageau redescend. Et l'histoire rendue à ce stade des origines naturelles de la spéculation, l'éducateur libre d'enseigner dignement rajouterait qu'en comparaison à cette spéculation nourricière, dont les cotes et les décotes sont édictées par Mère Nature et se compensent, eh bien comparé à ce yoyo équilibré et cyclique, l'éducateur digne d'enseigner librement raconterait qu'hélas avec les humains, la spéculation souffre de dérives sans contrepoids, tout ça parce que la colère des cons éclate même quand ils n'ont plus faim, et surtout quand ils n'ont plus faim.   

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