Apocalypse, révélation permanente

Le fait que le livre six de l'Apocalypse revisite une célèbre vision de Zacharie, tirée de l'Ancien Testament, découle d'une logique simple et récurrente : les prophéties qui reviennent à la charge conquièrent un monde abandonné à leur interprétation pessimiste. Et au juger de ce qui se passe alors, l'espace vital de l'Apocalypse étend inéluctablement sa scène dans tous les sens d'un horizon épris de tragédie. Celui d'un virus impérissable et mortel. Celui d'un crime de guerre économique sans alternative. Ou celui d'une alternative, la guerre au profit des stratèges d'une industrie morbide. Sans compter les famines, blêmes échos des régimes dissonants pour ventres plats. Mais de tout temps, l'immanence de ces quatre fléaux évoqués dans le désordre, la faim, les épidémies, les conquêtes sanglantes ou les empires des plus friqués, laissent à penser qu'à eux seuls, les quatre cavaliers de l'Apocalypse ont suffi à multiplier leurs assauts vus de plus en plus loin, jusqu'à plus ample informé, ici et maintenant. Et même si à la " fin des temps ", ces quatre cavaliers s'évertuent à sévir une fois pour toutes, ce sabotage définitif sera le résultat logique, phénoménologique, de la progression exponentielle d'un forfait récurrent. Autrement dit, l'espace vital de l'Apocalypse se sera en permanence nourri de ce qui l'amplifie encore, à savoir les guerres fratricides aux confins des famines et des épidémies frontalières, dès lors que tout augmente au rythme d'une démographie galopante qui monte à cru le Cheval blanc, le Cheval rouge, le Cheval noir, et le Cheval vert kaki ou brun chemise. L'Apocalypse, c'est l'histoire d'une Croissance immature et sanctuarisée, c'est l'histoire d'une planète dont les ressources naturelles s'amenuisent, c'est l'histoire d'une adolescence perturbée dont personne ne se soucie qu'elle finisse bien sa croissance, et c'est aussi bien le mystère éventé d'un malentendu, que celui d'une révélation permanente.