Immigration (1)

Parmi toutes les dispositions du projet de loi Hortefeux sur l'immigration, adopté hier par l'Assemblée Nationale en première lecture, des amendements qui fâchent provoquent une levée de boucliers. Ainsi, une grand-mère a t'elle sorti sa carte avec "juif" marqué dessus, sans doute pour rappeler qu'en règle générale cinq étoiles, l'immigration et les migrations sont dans la même galère, avec à bord un fouet en guise de frontière. Big Brother es-tu là, avec tes caméras qui nous surveillent à tous les coins de rue, et concoctent le film de la bienveillance et de la malveillance amalgamées ? Il y a du bon dans tout, sans doute, le tout étant de s'en assurer, de s'en rassurer, et le terrorisme ambiant impose à notre société les yeux espions de la haute technologie. Alors souriez donc, vous êtes pixellisés. Des automates photographient votre avenir. Destin oblige, ils l'administrent autant que possible, comme s'il était déjà écrit. Et je ne crois pas sauter du coq à l'âne en établissant le rapprochement entre la sévérité de la loi Hortefeux sur l'immigration, et une autre.

Il y a quelques années en effet, ce n'est pas le suivi des immigrés qui préoccupait Monsieur Douste Blazy, mais le suivi des malades. D'où m'est venu l'idée de confondre l'immigration et les migrations, attendu que Monsieur Douste Blazy, ministre de la Santé à l'époque, souhaitait mettre fin à la maladie de certains maniaques, ou plus précisément il souhaitait mettre fin à la manie de certains malades, qui avaient trop tendance à migrer à la petite semaine d'un cabinet médical à l'autre, sans véritable suivi. S'ensuivit forcément quelques mesures contraignantes, dans le genre qu'à présent, obligation est faite au patient d'être toujours suivi par le même médecin généraliste, en avisant l'administration concernée. Moi je n'y ai pas vu d'inconvénient. Depuis que j'ai un bon médecin qui me suit, aussitôt que j'accélère, forcément il trouve que je pète la forme. Et plus je prends mes distances avec lui, plus il me trouve en bonne santé.

Le problème avec les lois, c'est qu'elles sont forts nombreuses, alors qu'en réalité, il n'existe que quelques rares principes à adopter. Ainsi, la fidélisation du client en matière de suivi médical semble répondre au même principe que la surveillance en matière de suivi de l'immigration. De telle sorte qu'en apparence, la même nécessité voudrait faire loi dans les deux cas. Suivi médical d'une part, et suivi de l'immigration de l'autre, c’est comme qui dirait la rationalisation des dépenses de santé, au même titre que les ratios d'immigrants. Dans les deux cas, on s'appuie copieusement sur des statistiques, compte tenu des catégories de maladies les plus onéreuses, ou compte tenu de l’origines des migrants, histoire de prévoir certains risques de contamination relative à une ethnie plus qu'à une autre.

Partant de ce principe, l'immigration est contagieuse, bien que vu la rudesse des conditions de transport, mieux vaut être bien portant pour émigrer jusqu'au bout du voyage. Et toujours au nom des grands principes, les malades n'ont plus le droit de migrer d'un cabinet médical à l'autre, parce que les immigrants ont tout intérêt à partir de chez eux avant de tomber malades. Vous me suivez ?

Une Chinoise s'est défenestrée en voyant arriver la police chez elle, grièvement blessée par sa chute, et hospitalisée dans un état jugé "sérieux". Sans rire, j'ai toujours pensé que les clandestins devraient vivre au rez-de-chaussée. C'est bon pour la santé le rez-de-chaussée, surtout quand on en est expulsé. Dans ce cas y a un dicton qui le dit : "Tous ces gens là, vous les chassez par la porte, il rentrent par la fenêtre". Et je ne saurai leurs déconseiller ce retour au bon sens.

Mais ce qui dans la loi Hortefeux est encore plus dangereux qu'une défenestration du premier étage, c'est l'amendement Mariani sur le test ADN pour les candidats au rapprochement familial. Hors un, un qui a bien parlé à ce sujet, François Bayrou. Ce test ADN est censé vérifier l'authenticité de la filiation invoquée pour le rapprochement familial. Pour François Bayrou cependant, y a big problème. Notamment quand ce test ADN pourrait laisser comprendre à un enfant que son père n'est pas son père, parce qu'il n'y a pas que dans nos pays dits développés que cet accident de parcours peut arriver, bien que dans nos pays aussi, le secret médical existe, serait-ce pour permettre aux gens de laver leur linge sale en famille, en tout bien tout honneur. Vous me suivez ? L'immigration est un réel problème. Comme le disait déjà Rocard dans les années 80, "la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde". Et je dirais même plus, le monde ne peut plus accueillir toute la misère du monde. Pourtant il en sera toujours ainsi, tant que les richesses ne seront partagées qu'en principe. Parce qu'au nom des grands principes, la rationalisation budgétaire est estimée satisfaisante tant qu'elle vérifie l'équilibre des comptes. Alors puisqu'il est uniquement question de cet équilibre flagrant, trop flagrant, imaginons une balance dont le fléau serait à la verticale et immobile. Dans ce cas, les deux plateaux de cette balance sont stables. Et chacun d'eux portant le même poids, reste à savoir de quoi.

Sur un de ces plateaux, il y a un kilo d'or, tandis que sur l'autre, il y a un kilo de merde. L'or étant la valeur étalon, et la merde étant la valeur étalée.