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Une philosophie du juste milieu, synthèse des premières lueurs métaphysiques et du déclin de ces jours-ci, y a que ça de vrai, les pieds sur une terre en pente et la tête dans les étoiles

Au risque de lasser...

 

« Au risque de lasser les lecteurs... », telle est l'introduction d'un article qui n'est certes pas un article de loi. Car la loi est sensée toujours dire la même chose, pour peu qu'elle soit bonne, et quitte à lasser. Car la loi est la même pour tous, à condition de ne pas changer trop fréquemment. Et au risque de quelques amendements pour faire évoluer cette loi, le législateur ne craint pas d'en nuancer l'inlassable respect. Nul n'est sensé l'ignorer, l'increvable citoyen ne cesse de pratiquer des règles communes, et communément acceptées pour que les générations en savent un peu plus. En effet, si les règles ne cessaient de changer, à quoi servirait-il de les apprendre sans avoir le temps de les transmettre à une descendance autorisée à les ignorer ? Si bien « qu'au risque de lasser les lecteurs » ne peut qu'être l'introduction d'un article journalistique, et révèle le scrupule d'un journaliste, désolé de répéter à ses plus récents lecteurs ce qu'il a déjà partagé avec les habitués de sa thèse. Alors qu'il se taise ? Bien sûr que non. Et en revanche, qu'il cesse de s'excuser d'avoir à ressasser des sujet d'article aussi chroniques que le cycle de la vie. Car si les générations se suivent, elles ne peuvent en apprendre de plus en plus, avant d'en avoir au moins appris autant. En évaluant alors qu'une génération de nouveaux lecteurs arrive à maturité tous les cinq ans, la lassitude inhérente au fait d'avoir à se répéter, et que j'ai cru percevoir sous la plume d'un certain journaliste à La Décroissance, est une lassitude qui n'a aucune raison d'être durable, tant que le phénomène de la répétition restera inscrit, et constitutif des lois naturelles. D'autant que parmi la presse écrite dite traditionnelle, plus achetée que louable, aucune feuille de chou ne s'excuse de pratiquer une forme d'alphabétisation consensuelle, au saint nom de la croissance des fortunes et de la diabolisation de l'argent public. Hélas, tant que ce dernier sera en voix de raréfaction, il faudra pourtant le redire, redire que la raréfaction de cet argent public lui redonne un tant soit peu de la valeur que les monopoles quasiment privés lui ont volée. Il faudra le redire au moins tous les cinq ans, jusqu'à ce que chaque nouvelle génération ait compris, par expériences successives, que le monopole public était le moins pire des monopoles.


Mais la répétition inlassable, qui permet d'édifier tout ou partie d'un lectorat, permet aussi d'édifier l'auteur de la répétition. En effet, plus un auteur écrit, plus il maîtrise sa pensée. Et plus il est clair qu'il l'a comprise, moins il est susceptible de s'en lasser. Sauf à s'en excuser. Alors pardon, pardon au nom de celui qui a fait le tour de la situation, comme on dit, et qui se retrouve comme l'imbécile peu désireux de changer d'avis. Je préfère incarner cet imbécile, lancé sur un circuit dont il connaît de mieux en mieux les pièges, et ne jamais superposer à la ligne de départ la ligne d'arrivée. J'en reparts.


Rien n'est compris une fois pour toutes. La compréhension serait plutôt affaire de répétition, pour ainsi dire de fréquence. En tout cas, la bonne compréhension n'est sûrement pas affaire d'un hâtif bachotage, deux ou trois semaines avant un examen ou un concours, lors d'une leçon si mal apprise qu'on l'oublie aussi bien, pour se débarrasser des devoirs qui vont avec, pour bêtement avoir une meilleur note que les copains, et ensuite, le peu qu'on a compris, pour l'éluder.

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